Association France Acouphènes - 92, rue du Mont Cenis - 75018 Paris

Adhésion - Abonnement - Don : notre boutique

Témoignage de Jean-Guy

Modérateur : Modérateurs

Règles du forum
La participation aux forums vaut acceptation pleine et entière de la présente charte.
Blitzgrutel
Messages : 140
Enregistré le : mar. 30 nov. 2010 17:00

Témoignage de Jean-Guy

Message par Blitzgrutel » jeu. 2 déc. 2010 17:26

Bonjour à tous,

J'ai eu quelques conversations déjà qui m’amènent à me dire que mon témoignage personnel peut être pertinent car d'une certaine façon, je ne me suis pas rendu compte que je souffrais d'hyperacousie ou recrutement pendant environs 20 années. Je mets les 2 pathologies car je viens tout juste de commencer mes démarches médicales, et les professionnels du corps médical hésitent entre les 2. Personnellement, je crois souffrir d’hyperacousie douloureuse pas très loin de sévère.

Je commence mon témoignage il y a 2 mois, mais je reviens aussi dans mon passé jusqu'à l’âge de 7 ou 8 ans

Premièrement, j'ai 32 ans, bientôt 33. Il y a 2 mois, je m’étais lancé dans un projet personnel de construire des cerfs-volants en papier. Pour faire ces cerfs-volants, je possède un gros rouleau de papier de 45 centimètres de large et probablement 100 mètres de long. Je découpe chaque pièce séparément et je dois les ceinturer de ruban adhésif pour empêcher le papier de déchirer trop facilement. Pour ce faire, j'utilise du ruban collant pour les boites. À chaque fois que je déroule une bande, le son me fait atrocement mal aux oreilles. C'est la douleur maximale en un instant. Après 2 mois de ce traitement (j'ai essayé plusieurs truc pour réduire le bruit) j'en ai eu assez et j'ai écrit "Hypersensibilité auditive" dans Google et je suis tombé sur l'hyperacousie, la définition de la Wikipédia.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater que je possédais pratiquement 100% des symptômes! Maux de tête, étourdissement, dérangement à cause de certains sons, ouïe hyper développée (j'entend le bruit que fait une brindille qui accroche pendant qu'une fourmis de déplace avec!!!!!), bourdonnements d'oreilles, claquement de tympan, réflexe stapédien complètement déréglé (sauf pour l’audiologiste avec ses super tests héhé !), ma propre voix qui me fait mal, écouter/parler au téléphone qui me fait mal, chaleurs d'oreilles irradiant jusque dans la mâchoire, donnant des crampes de langue et même, il arrive que la chaleur engendrée par l'irritation de l'oreille me mène à l'attaque de panique, mais pas une vraie attaque car elle s'arrête après 30 secondes dans le silence (réduction de la chaleur interne de la tête).

Certains symptômes commencent il y a longtemps. Je me rappelle ma mère qui me parle vers l’âge de 8 ou 9 ans, et je perds le fil de la conversation car je fais attention aux bourdonnements d’oreilles. Je me rappelle à l’âge de 14 ans, j’entendait une montre au quartz sonner son alarme digitale : « bip bip ! bip bip ! bip bip ! » au travers de 4 pièces et une porte fermée. Il a fallu que j’aie la chercher pour revenir montrer la montre encore en train de sonner pour que ma famille me croie. Je me rappelle il y a 10 ans, je commençais à parler à ma mère des claquements douloureux dans mes oreilles quand nous discutons au téléphone, même l’oreille qui n’écoute pas le combiné.

Outre le fait de l’hyperacousie, il y a beaucoup de symptômes non raccordés à cela, mais qui proviennent des « effets secondaires », qui ont aussi miné ma vie entière de l’âge de 8 ou 9 ans jusqu’à tout récemment.

Les bourdonnements d’oreilles, c’est le réflexe stapédien qui tente de diminuer le « son fort ». Cela cause une hypervigilance du cerveau qui tente par tous les moyens de s’adapter à ce changement. Il n’y a pas d’anxiété proprement dite, mais cela peut mener à une attaque de panique qui s’arrête après un certain temps dans le silence. À l’age de 8 ou 9 ans, j’ai fait ma première attaque de panique pour absolument rien au beau milieu d’un souper avec ma famille. J’ai eu tellement peur que je me suis sauvé en courant dans mon lit et j’ai essayé de dormir car j’ai cru que ce serait la seule façon de ne plus y penser. Après cette première crise, je n’en ai plus jamais reparlé à quiconque car j’avais peur qu’on me prenne pour un fou et qu’on m’enferme.

Mais les crises n’ont pas arrêté. Et moi je n’ai jamais pensé que cela pouvait venir de mes oreilles car je croyais que tout le monde entend comme moi. Crises dans la rue, crises sur le banc d’école, au centre d’achat, et finalement n’importe ou. Et j’ai enduré en silence. J’ai cru que cela venait de ces évènements et non de mes oreilles. J’ai développé le même comportement qu’un enfant qui se fait violer ou battre. Attaques, par-dessus attaques, par-dessus attaques, j’ai fini par remplir ma vie de ces attaques, et tout en croyant que les autres vivent cela aussi.

J’ai fini par me dire que je n’étais qu’un bon à rien car je n’étais pas capable de supporter ces « émotions » que tout le monde a et affronte sans le moindre sourcillement. Ce qui est totalement faux. Je me suis rendu compte de cela vers 2002 quand ma meilleure amie est venue me raconter sa crise de panique. À ce moment, j’ai réalisé que c’est cela que je vivais... de 2 à 10 fois par jour. Faites le calcul. Une attaque de panique dure en moyenne une vingtaine de minutes et il y a un moment de décompression d’environs le même temps. Ce qui veux dire que je passait souvent mes journées en attaques de panique à répétition du lever au coucher.

J’ai tenté toutes sortes de thérapies. Inutile de vous dire que cela ne fonctionnait pas. Du moins, cela fonctionnait, mais le « mal » revenait au galop car c’était mes oreilles qui provoquaient ces attaques, et non pas un quelconque problème mental. J’avais déjà mal aux oreilles de parler au téléphone à ce moment. Mais mes attaques de paniques étaient tellement envahissantes que je ne m’y suis jamais attardé.

J’ai fait de drôles de rechutes, je me suis retrouvé dans un hôpital psychiatrique, dans des centres de réadaptation sociale, je n’ai jamais su garder un emploi. Le stress était si grand qu’il m’a aussi créé des problèmes chroniques aux articulations. Si je manque de sommeil, mes articulations enflent, mais VRAIMENT. Mes genoux peuvent venir tellement gonflés que je ne peux même pas les plier à 90 degrés. Je dors 6 heures et le problème est disparu. Donc présentement, j’ai toujours 3 ou 4 doigts que je ne peux pas plier, quelques fois un genou, ou tout le coté gauche au droit en même temps car mon sommeil est très réduit depuis que je ne peux presque plus sortir dehors. Dormir règle le problème à chaque fois.

Finalement, à ma dernière thérapie, j’ai finalement réussi à arrêter tout ressassement intérieur, quel qu’il soit. J’ai triomphé de mon « problème mental ». C’est à l’été 2010.

6 mois plus tard, finalement mon projet de cerf-volant m’a mené jusqu’à ce témoignage. Une fois que l’anxiété n’a plus été mon problème, mon attention s’est portée tout naturellement sur mes oreilles.

J’ai découvert le témoignage d’une personne avec un problème comme le mien, d’hyperacousie congénitale. J’ai bien cherché et cela n’existe pas. Cela résulte plutôt d’une oreille plus sensible de naissance et ensuite des traumatismes auditifs plus ou moins sévères. Mais moi je n’en ai pas vraiment. J’ai toujours trouvé les sons agressant. Mais il existe une autre possibilité et ce sont les otites à répétition.

Et j’ai eu des otites à répétition vers l’âge de 7 ans, 2 ans avant que mes attaques de paniques ne commencent. Je me rappelle le médecin qui disait à ma mère que je risquait des séquelles permanentes avec autant d’otites (4 ou 5 en 2 ans je crois).

Alors voila. J’en suis là avec ma vie plus ou moins hypothéquée depuis l’âge de 9 ans. Je ne m’en veux pas car je ne pouvais pas comprendre à cet âge. Et les personnes à qui j’en ai parlé n’ont pas compris, mais elles ne pouvaient pas comprendre. Imaginez un petit garçon de 9 ou 10 ans tentant d’expliquer un problème aussi complexe héhé !